Notre Seconde Vie

NOTRE SECONDE VIE – Roman d’Alain Monnier

Notre Seconde Vie - Alain Monnier - Flammarion

A l’occasion du lancement du roman « Notre Seconde Vie » d’Alain Monnier  (éditions Flammarion),  nous avons le plaisir de lui dédier une page spécifique sur notre blog étant donné qu’il nous à fait le plaisir de nous donner au cours des semaines passées sa vision de notre monde qu’il n’avait jusqu’alors jamais visité. Ce neuvième roman reprend l’idée d’un monde qu’il avait déjà un peu évoqué en 2001 dans « Survivance » et nous permet de visiter ce que pourrait être SecondLife dans quelques décennies. 

Alain Monnier nous fait visiter plus qu’une simple monde virtuel puisqu’il s’intéresse en fait à l’évolution de notre société et à la place et l’utilité que pourrait avoir un monde virtuel dans une société future ou l’enjeu est avant tout d’occuper des millions de personnes en leur redonnant un semblant d’avenir optimiste. A mi chemin entre Second Life, la télé réalité et Matrix, Alain nous fait suivre les aventures des avatars mais aussi des humains qui les dirigent dans un univers plein de surprise. Roman passionnant, accessible, délirant et parfois osé, dans la pure ligné des précédents romans d’Alain Monnier…

Un extrait du roman est disponible en exclusivité en bas de cette page (un autre extrait est disponible sur son site), et nous avons republié ici la totalité des cybers-aventures d’Alain Monnier dans SecondLife avant de nous plonger nous même dans l’univers qu’il a imaginé pour ses héros. Vous retrouverai aussi en bas de page une extrait de son roman que nous avions déjà publié il y a deux semaines. Si vous souhaitez plus d’infos, visitez son site  http://www.alain-monnier.com

Dans quelques temps, nous organiserons une rencontre avec Alain Monnier dans SecondLife, nous vous laissons le temps de lire son roman, ensuite vous pourrez venir faire dédicacer vos livres virtuels 😀

REFLEXION D’UN NOUVEL ARRIVANT
ou les premiers pas d’un romancier dans SecondLife

Lundi

Voilà plusieurs jours que je repousse le moment d’aller sur Second Life. Il me semble que ce n’est jamais le bon moment… Ce n’est pas de la crainte, car j’ai le sentiment de connaître un peu cet univers, pour en avoir parlé des semaines durant, chaque matin au café, avec l’un de mes amis qui est un fidèle résident, et pour déjà avoir écrit en 1999 un roman sur un monde virtuel. Ces dernières semaines, un autre roman a mobilisé mon attention autour de ce thème, mais je me suis refusé d’aller courir dans les allées de SL par peur de casser les ressorts de l’imagination.
Mais ce soir sera « le » soir. Le calme règne dans la maison, je vais me résoudre à affronter tous les déboires de la micro-informatique : téléchargement foireux, procédure d’installation avortée, antivirus qui bloque les entrées, la liste est sans fin.

Tout s’est étonnement bien déroulé ! Dont acte de ma mauvaise foi. Sans trop de problème je suis arrivé à ce moment étrange où appuyant sur quatre touches de direction, ce petit bonhomme s’est déplacé au gré de ma volonté (ou à peu près, ne soyons pas prétentieux). Emerveillement passager et sans doute bien désuet pour tous ceux qui pratiquent les jeux vidéos. Ca n’a jamais été mon cas ! SL est ma première expérience en la matière. Je n’ai jamais eu le goût de côtoyer monstres et martiens, de conduire des bolides, de fraterniser avec les elfes et autres merlins enchanteurs. Cette fois, il me semble – si j’en crois mon ami – qu’il y a lieu de se confronter à une forme de vie avec tout ce qu’elle a d’informel et d’impalpable… Aller en découdre avec ce qui serait une autre vie, me plaît davantage. Outre le panache, les questions semble avoir plus de panache et être source de questionnement existentiel.

Je ne veux pas parler de l’apprentissage que chacun a traversé. Disons seulement que je me déplace que je vole, que je sais à peu près regarder, que j’arrive à parler sans encore choisir mes interlocuteurs ; m’habiller est plus compliqué, la gestuelle reste primaire…
Je suis dans une île pour apprendre, maladroit et emprunté. Autour de moi il y a d’autres avatars, peu nombreux et visiblement aussi perdus que moi, si j’en juge par leur long moment d’immobilité qu’ils doivent passer tout comme moi à consulter le didacticiel. Leur parler n’est pas encore d’actualité.

Mardi

Proust disait que le voyage le plus extraordinairement dépaysant serait celui qui consisterait à regarder notre même monde avec les yeux d’autrui… Il disait que les artistes – les peintres notamment, la figure d’Elstir -, nous offrent cela.
Je ne peux m’empêcher de penser à cette phrase en regardant ce monde défiler sous mes yeux. Ou sous les yeux de mon avatar. En cela la touche «Mouselook » me plaît. Qui de moi ou de lui regarde ?
J’ai passé trois heures, perdues au milieu de la nuit, sans vraiment m’en rendre compte. 

Mercredi

Je quitte ce soir mon île… Au hasard vers une terre francophone, pour ne pas empiler les difficultés !
Il y a des gens partout. Je ne sais pas s’ils me regardent mais je suis sûr qu’ils me voient, comme moi-même je les vois. C’est une sensation désagréable… C’est en fait la première sensation troublante que j’éprouve, et qui me démontre que cet avatar est bel et bien moi, et pas seulement une image dématérialisée dont je peux totalement m’abstraire ! D’évidence il y a une part de moi en lui, pour preuve ce sentiment pénible d’être vu par les autres alors même que je ne maîtrise rien de mon apparence ou de ma pensée en ce monde-là.

On est aux autres par l’image que l’on donne de soi… Pour avoir totalement discipliné depuis une adolescence déjà lointaine, l’apparence, mais surtout le discours, la gestuelle, bref ma façon d’être avec autrui, j’en avais oublié cette évidence soudain redevenue palpable ! C’est la rançon d’être trop confortablement installé dans un personnage réel qui ne pose plus de problèmes !
Me voilà donc plongé dans un personnage qui touche à mon moi, avec la maladresse des premiers temps, avec la crainte d’être jugé et méprisé par ceux qui savent ! Et je n’ai même pas à ma disposition une de ces attitudes de repli dans lesquelles il est si facile de se réfugier quand on prend l’eau.

Je ne veux pas me défendre de cette sensation « à nouveau nouvelle »… Ce qui est neuf devient trop rare au fil des ans pour ne pas être protégé.

Jeudi

J’ai rêvé de mon personnage, de SL… J’ai passé une partie de ma nuit dans SL ! Peut-être pour y avoir passé deux heures avant de m’endormir ! Habituellement je ne rêve pas de mon ordinateur ou de Google…

Je suis allé dans un endroit peuplé d’êtres assez étranges. Les apparences trop insolites m’intéressent peu. D’autres sont plus émouvantes. Je me glisse près des groupes et j’écoute ce qui se dit… J’ai l’impression de ne rien comprendre ! Autres temps, autres mœurs ! je ne suis pas un habitué des chats et je dois reconnaître que je m’applique à respecter scrupuleusement la grammaire et le vocabulaire (y compris les accents) dans mes SMS… il me semble que cela relève de la politesse due à autrui, ou de la simple résistance, qui pour être vaine n’en est pas moins précieuse, ou de la nécessité de s’arc-bouter contre l’arrogance de la modernité et contre le snobisme anglophone dominant…

Je ne comprends pas ce que se disent ces gens. Pire ce que j’en perçois me semble sans intérêt : des trucs sur leur apparence, des mots douteux, des références que je n’ai pas, de la conversation superficielle : ça va ? Trop bien lol ! Toi ?
Je vais me coucher.

Vendredi

J’ai passé ma journée à ruminer cette sensation qu’il ne faut pas chercher à décoder SL avec les critères de jugement qui nous conduisent dans la vie réelle.

Je suis persuadé que si l’on juge SL à l’une de notre vision du monde réel, on passe à côté de l’intérêt de SL. Les medias qui parlent de ces univers, par le souci louable d’être compris par leurs lecteurs ou spectateurs, relient SL et monde réel via des passerelles et des correspondances qui n’ont pas lieu d’être ou qui ne sont pas en tout cas le bon canevas de compréhension. Tout ce qui se dit sur le business et l’argent qui coulent dans les sociétés me semblent faux. Je ne sais pas l’expliquer encore, c’est une intuition forte. Le fantasme d’un double monde forcément homothétique est fausse !

Je ne sais pas ce qu’il faut chercher dans SL, mais il me semble évident que ce n’est pas notre monde.

Je suis en face d’une fille charmante. Je ne sais pas quoi lui dire. Temps bénie de la timidité excessive !
Je ne sais pas de qui je dois parler : de moi le vivant réel, d’elle l’habitante de notre planète, de mon avatar inexpérimenté et sans projet – tel l’adolescent que je fus -, d’elle cette pin-up sans histoire avérée ? Je ne sais pas ce qui se pratique dans ce monde-là. Je ne sais pas ce qui est de bon goût, où se situe l’impolitesse, je ne sais pas où je suis…
Moi qui ai de plus en plus du mal à me surprendre, à me prendre à revers, à m’étonner (heureusement l’écriture préserve ces rares moments !), je suis soudain mis dans un terrain d’incertitude.
Le doute nous rend à notre intelligence.
Cette fille m’intimide : je ne sais que lui dire. J’ai envie de lui parler. Des banalités me viennent à l’esprit, comme à quinze ans dans ces boums où mes camarades flirtaient avec les mignonnes tandis que je me morfondais en quête d’une réplique intelligente et fine ! Depuis j’ai appris, la subtilité est rarement nécessaire, mais qu’il est doux de renouer avec ses sensations premières même si elles sont quelque peu pénibles !

Elle porte une robe blanche et longue qui semble voler autour d’elle quand elle fait un certain mouvement. Elle ne cesse de faire ce mouvement ! C’est joli et agaçant. J’essaie de lui dire que je viens d’arriver. Elle ne me répond pas. Râteau d’antan ! Je ne dis pas qu’il n’y ait plus de râteaux au présent, mais je dis que l’expérience aidant, on les détecte de loin et qu’on peut donc ainsi se les épargner.

Samedi

J’ai toujours envie de savoir qui est derrière l’avatar que je croise. J’ai du mal à me contenter de l’image proposée. Curiosité mal placée ou inquiétude existentielle ? Je sais que je peux cliquer sur un avatar pour voir sa fiche, et qu’il n’en saura rien, mais le geste n’est pas anodin, il me semble être une intrusion. Je crois que la première fois que je l’ai
fait, – c’était une ravissante brune -, j’ai ressenti de la honte.

Hélas, il n’y a jamais rien sur ces fiches ! De drôles de cotations sans réel intérêt, des dates d’arrivée, pas un mot sur les goûts, sur la personne dans la vie réelle. La mienne n’en a pas davantage, mais ça viendra, il me faut d’abord connaître les usages de l’endroit. J’ai le sentiment de ne pas avoir les codes de politesse, et je ressens cela comme une immense difficulté. Comme si la politesse n’était pas une simple code mais une sorte de vertu primaire qui permet d’entrer en contact avec autrui.

Rien n’est dit dans les profils. Je dois me contenter de vivre par mon avatar, mais je n’arrive pas à oublier, à reléguer ma première vie. Pourtant je sens que c’est là une contrainte majeure à accepter – ce doit être l’un des prix d’entrée – pour avoir la substance de SL. Je n’y suis pas encore.

Je crois que je ne trouverais pas en quelques semaines la ou les vérités de SL, mais j’ai l’intuition que viendra un moment, où soudain je me dirais «Mais oui, c’est cela ! La vérité de SL est bien là, c’est dans cette sensation qu’elle est toute entière dissimulée »

Je ne suis pas pressé d’arriver à ce moment. J’espère simplement que la route sera riche et étonnante.

Dimanche

L’effort sur l’image dessinée est encore important. Je ne suis pas dans un monde, je suis dans un jeu. C’est un univers de pionniers. Je ne peux m’empêcher de penser que, dans dix ans, les plus chevronnés d’aujourd’hui se rappelleront cette époque avec nostalgie. Peut-être éprouveront-ils de la déception ou une légère déprime devant les images trop parfaites, les temps d’attente inexistants, les mimiques expressives de leur avatar ?

Je les imagine en train de dire « Dans les premiers temps, l’image n’était pas parfaite, on ramait pour passer d’une région à une autre, fallait l’agrégation pour trouver quelque chose dans son inventaire, mais. », et derrière ce « mais », il y aura des milliers de mots qui s’entrechoqueront pour essayer de faire comprendre le charme des débuts, aux plus jeunes qui les regarderont avec un air légèrement accablé.

Lundi

Avec les premiers beaux jours qui font croire à l’été, les rues et les terrasses des cafés semblent s’être remplies par magie. Les gens s’exposent, visages en quête de soleil, ils sont soudain plus souriants, détendus, amoureux de leur vie. Je suis comme eux, attentif aux autres, et j’éprouve cette amusante impression de voir les jeunes gens et les jeunes filles différemment.

Nombre d’entre eux me semblent pouvoir être des avatars. Ou plus exactement, il y a de nombreux jeunes qui sont lookés comme des avatars. En fait, depuis le début, j’ai le sentiment que SL n’est peuplé que de jeunes gens costauds, beaux, musclés, avec des coupes de cheveux souvent exagérées. Ils me semblent former comme une caste ou une génération avec les codes vestimentaires et les expressions de langage qui toujours les accompagnent. Ils sont peut-être nés de SL, mais ce sont bien eux qui, à leur tour, fondent ce monde improbable qui est SL.

Mais là, assis à cette terrasse, à regarder passer les promeneurs, ces nombreux jeunes gens que je ne remarque habituellement pas (c’est un effet de générations, puisque celle d’avant – en l’occurrence ici la mienne – a toujours des difficultés à décrypter celle qui la suit), ces nombreux jeunes gens dont le look à force de désespérément chercher à être remarquable, se fond dans une banalité consternante, ces jeunes gens reprennent toute leur saveur. Je les vois différemment. Ils sont bien en harmonie avec ce à quoi ils aspirent. J’ai soudain un sentiment de tendresse pour eux. Pauvres avatars perdus dans un monde bien indigne d’eux !

Mardi

Le jeu de Perec « Je me souviens ». Je serai curieux de savoir ce que des vieux résidents (je veux dire des résidents expérimentés) diraient. On leur proposerait seulement de donner cinq phrases commençant par « Je me souviens. » Ce seraient évidemment des souvenirs d’avatar ! Je suis sûr qu’ il y aurait de drôles de surprises. Souvent on est étonné de ce qui ressort, de la corde qui relie un souvenir à l’autre et qui finit par laisser apparaître des pépites insoupçonnées. Moi je ne peux pas encore le faire, il faut du temps et de la distance pour que cet exercice donne sa pleine mesure.

J’ai fait une fausse manip avec mon putain de firewall qui est depuis quelques semaines lui-même drôlement attaqué. Je savais que cela arriverait. Bref la connerie est faite, je ne vais pas la réparer de si tôt, je me vois comme souvent deux jours sans connexion possible. Je ne savais pas que ça m’ énerverait autant.

A suivre…

Extrait du Roman Notre Seconde Vie
Alain Monnier – Edition Flammarion

Isidro s’excuse d’avoir été si sérieux. Cela ne convient pas à la légèreté, l’insouciance et le détachement qui sont les fondamentaux de son personnage.

– Tu es vraiment jolie, lui dit-il avec un geste tendre.

Elle est un peu gauche et ne sait que répondre ce qui dans le contexte ajoute à son charme. Isidro n’y est pas insensible et lui dit :

– Viens avec moi, j’ai envie de te faire un cadeau.

Elle se lève et le suit. Elle monte dans son véhicule et ils sont transportés dans une ruelle populaire de Shanghai. Il y des milliers de gens, elle a du mal à le suivre au milieu de cette foule, il lui prend la main pour ne pas la perdre. Elle se laisse faire. Ils se faufilent entre des étals de légumes et des cages où caquettent des poules, et poussent une porte étroite au dessus de laquelle est inscrit, à la peinture d’une écriture maladroite : “ Sculpteur – Attitudes, gestes et mouvements en tout genre ”. Au tintement de la clochette, un petit chinois sort d’une arrière-boutique et s’approche d’eux et les salue par trois fois chacun. Son visage est étonnamment expressif, pas moins de cinq expressions à la seconde se succèdent.

– Mon ami Monsieur Wong est le plus grand sculpteur d’attitudes et d’expressions de ce monde.

Eva lui sourit tandis que Monsieur Wong s’incline avec des courbettes très complexes qui ont toutes une signification précise décryptée en mode texte sur le côté de l’écran. Il dit :

– Votre amie est très jolie et très ravissante, et très digne. Elle mérite de porter les plus beaux atours qui soient.

– Eva, j’aimerais que tu choisisses une attitude ou bien autre chose…

Eva est interloquée, et lui jette un regard d’incompréhension vraiment gratifiant. Soudain Isidro comprend qu’Eva est par nature gratifiante pour ses compagnons, et que là n’est pas le moindre de ses atouts.

– Tu peux choisir un plissement de nez, un déhanchement provoc, une manière de te serrer contre quelqu’un, un tic délicieux, ça peut se déclencher manuellement ou automatiquement quand tu prononces un mot… et ça n’appartiendra qu’à toi. Monsieur Wong travaille sur des modèles uniques, tu n’as aucun risque de te retrouver ailleurs.

Eva hésite, puis finit par se retourner vers lui :

– Conseille-moi !

Isidro est subjugué par la naïveté de cette demande. Après quelques conciliabules avec Monsieur Wong, il lui propose un sourire canaille façon Greta Garbo dans Ninotchka ou un déambulement amical ambigu où son corps épouse la forme de celui de son compagnon. Comme elle hésite, Isidro lui dit de prendre les deux, Wong s’incline et promet de livrer son meilleur travail sous quatre jours.

– Je suis confuse, dit Eva. Je ne sais comment te remercier …

– En me réservant ton premier sourire canaille…

– Mais comment je fais pour te revoir…

Il lui glisse sur son ardoise une adresse de connexion et une clé privée:

– Tu vas sur cette adresse et on te dira où je suis. Ensuite, avec cette clé, tu pourras venir me trouver… De toute façon je suis dans tous les annuaires.

– Mais les gens qui te regardent et qui t’apprécient, pourquoi ils ne viennent pas te trouver ?

– Parce qu’ils n’ont pas de clé comme celle que je viens de te donner… Ce sont des clés qui protègent tous ceux qui ont une popularité supérieure à 100 connexions par jour.

– Une dernière question… dit Eva. Comment as-tu pu me trouver… Tu n’avais pas mon adresse et je suis référencée nulle part.

Isidro semble soudain gêné.

– Le hasard baby, répond-il. Le hasard…

– Mais nous sommes quatre milliard et Karine m’a dit qu’il y avait environ deux milliards de lieux possibles.

Il regarde sa montre et lui dit :

– Désolé baby, faut que j’y aille.

SYDNEY – AUSTRALIE – 17 Juillet – 17h41

Steve Willmark se déconnecte de la Toile et entre dans son atelier personnel. C’est son antre, il y stocke toutes les versions originales de ses créations, nécessaires au débogage d’éventuels dysfonctionnements qu’on ne peut jamais totalement éliminer, et aussi ses divers outils logiciels qu’il a confectionné tant chez lui qu’à son bureau. Steve est un grand gaillard de 1,89m, blond, avec des yeux bleus, le prototype du surfer, sauf que lui déteste la plage et tout ce qui implique un effort physique. Il est informaticien, l’un des plus brillants de sa génération, il a à peine trente ans, et travaille pour la CPGMN, à distance, de chez lui, il participe aux réunions mensuelles de groupe chaque premier jeudi du mois.

Steve Willmark est devenu Monsieur Wong, il y a presque trois ans, et sa notoriété à confectionner des attitudes originales n’a jamais cessé de grandir depuis ce jour, bien qu’il n’ait jamais fait de publicité, au contraire, il est allé se cacher à Shanghai dans la ville basse, il l’a choisi à cause d’un film de Wong Kar Wei où une chinoise magnifique descend des marches sous une pluie diluvienne pour aller chercher une gamelle de nouilles, plusieurs fois dans le film, la camera la suit de dos, elle est grande avec de magnifiques fesses.
Steve aime baiser avec les asiatiques, d’ailleurs il ne baise plus qu’avec des asiatiques qu’il trouve plus douces et plus souples. C’est aussi pour cela qu’il est dans ce drôle de quartier de la Toile, il y rencontre des prostituées magnifiques, les plus belles, les plus douées… C’est même lui, en grand secret, qui leur confectionne des positions incroyables et des attitudes de soumission dont il est le premier à profiter.

Steve s’est déconnecté, il travaille dans son atelier aux deux cadeaux qu’Isidro lui a commandé. Il a vraiment envie de bien faire, car il a été ému par le regard de cette fille… Il se demande comment ils ont pu fabriquer cette sensation incroyable, et il ne voit pas.

Plus d’info : http://www.alain-monnier.com
Notre Second Vie – Alain Monnier – Flammarion

15 Responses to Notre Seconde Vie

  1. Tim Deschanel dit :

    je suis dedans, Waaagh !
    Enfin je suis entrain de le lire, plongé dans cet univers parallèle d’un futur hypothétique.
    très bien écrit, j’y retrouve des expériences vécues et en découvre d’autres imaginaires.
    Mes compliments à Alain Monnier.
    Il faudra que j’achète certains de ses autres livres pour voir. 😉

  2. wolkam dit :

    héhé ! Sincèrement il est excellent ! Et Alain va venir d’ici quelques semaine pour parler de son roman dans SL, A ne pas manquer !!! lol

  3. arno dit :

    alors alain, on attend la suite de tes aventures sur sl… Plus sérieusement, je trouvais ton regard intéressant, dommage que tu ne poursuives pas.

  4. wolkam dit :

    il est un peu pris par la promo du livre 😀 mais il va revenir ! Seance SL dédicace en vue !!!

  5. Axelle Prevost dit :

    Vivement de lire la suite des aventures sur sl voire de te rencontrer sur sl (Axelle Prevost est aussi mon nom sl).

    Je pense acheter le livre dès que possible.

  6. […] Monnier a publié il y a quelques mois un autre article sur le même thème sur le blog en français de Second Life, une sorte de “journal du nouvel […]

  7. nassika dit :

    comment fo fér pour l’inscription

  8. nassika dit :

    commen fér pour s’inscrcire

  9. Suraya Xeno dit :

    Enfin un écrit de qualité qui utilise SL et son potentiel à des desseins créatifs, qui en outre ne sont pas destiné à être apprécié « in world ».
    Les premiers jours d’un avatar décrits par Alain Monnier ci-dessus sont également très émouvants et m’ont rafraîchi la mémoire sur les ressentis que j’ai vécus il y a plus d’un an en accédant à ma seconde vie. Tout ce qu’il a vécu, je l’ai vécu également, y compris les rêves de SL pendant les premières nuits. JE regrette un peu de ne plus en faire aujourd’hui tant ceux-ci m’avaient parus intenses et inédits.
    L’intensité des rencontres, la beauté des lieux visités dans cet univers persistant toutefois en évolution permanente me donne le besoin de transcrire tout cela, de laisser une trace de ma visite, de mes expériences. Comme le dit Alain, mon avatar est a présent non seulement une partie de moi-même, mais un prolongement spécifique qui ne vit que dans SL, qui a un caractère, et des spécificité qui lui sont propre tout en faisant partie de moi. Cette partie inconnue de moi qui était intériorisée, ignorée, a présent existe grâce à ce monde virtuel. Je ne peux plus l’ignorer ou vivre sans elle. Mon identité s’est agrandie; la perception de moi-même également. J’essaie de retranscrire cela dans mon blog comme le font des centaines d’autres à propos de leur expérience sur SL, et comme d’autres encore immortalisent leur passage par des photos qu’ils publient dans Flikr.
    Bien plus qu’une ouverture sur un autre monde, SL est avant tout une découverte de soi.

    En espérant que le livre d’Alain Monnier ne soit pas un cas isolé mais donne des idées à d’autres auteurs…

  10. Bien vu, on a tous passé par la et ensuite les destins se précise.. Alain écrit, Wong script et je prends des photos…
    http://www.flickr.com/people/philippe_chaplin/

  11. […] Alain Monnier écrivain a fait part de son expérience dans Second Life d’une façon à la ois très vivante et pleine d’humour. Vous trouverez son carnet de bord sur SLObserver.com […]

  12. como puedo registrarme y ingresar a second life?

  13. ilianazr dit :

    je veus m’inscrire silvoupler

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